Satoshi Murakami fait partie des Japonais qui ont été particulièrement choqués par le tsunami qui s'est déroulé dans le Tohoku en mars 2011. Habitant à Tokyo, il a suivi les événements depuis son appartement, en regardant les informations à la télévision comme tout le monde et l'événement l'a marqué à jamais. À peine âgé de 25 ans à l'époque, la triple catastrophe de Fukushima l'a fait réfléchir sur bien des sujets, y compris sur notre façon d'"habiter". En peuple sédentaire, on s'attache à vivre dans un logement bien défini que l'on a mis du temps à acquérir. Mais comme l'a montré le 11 mars 2011, tout ce que l'on a pu construire en des années peut être ravagé en quelques minutes par une catastrophe naturelle.

Face à ses constatations, le jeune homme – artiste contemporain –, a décidé de bâtir un logement, un toit, qui lui permettrait de vivre comme tout le monde et de voyager comme il l'entend. Il s'agit d'une maison portable, construite à partir de placo et de mousse, qui offre le strict minimum. Pour son expérience, Satoshi Murakami a choisi de se détacher de tous les biens qui lui appartenaient jusqu'ici et de voyager "à bord de son logement", allant se poser dans les champs, dans les ruelles et aux abords des temples pour y passer la nuit.

Son expérience, qui prend finalement des allures de performance artistique, a fait l'objet d'une exposition dans une galerie d'art à Tokyo. Photographié tout au long de son voyage au travers du Japon, Satoshi Murakami a décidé d'exposer les différents lieux dans lesquels ils s'est posé avec sa maison portable. Au total, pas moins de 128 propriétaires ont accepté de l'accueillir sur leur propriété, sur leurs terres. Si beaucoup de gens s'interrogeaient de sa présence, il a pu rencontrer, notamment dans les lieux sacrés et dans la région du Tohoku, un accueil tout à fait chaleureux.